samedi 21 janvier 2012

Le concept de religion en Chine et l’Occident


Texte de Marie-Claire DELAND 


Vincent Goossaert, "Le concept de religion en Chine et l’Occident," Diogène, 2004/1 n° 205, p. 11-21. DOI : 10.3917/dio.205.0011




Vincent Goossaert est un historien ayant fait son doctorat à l’École pratique des hautes études à Paris, en 1997, sur l'histoire taoïste pré-moderne. La grande majorité de ses recherches portent sur l'histoire sociale de la religion chinoise pré-moderne et moderne. C’est d’ailleurs dans cette thématique que s’insère son article « Le concept de religion en Chine et l’Occident » publié en 2004. Pour articuler son texte, Goossaert s’appuie sur plusieurs travaux d’historiens et spécialistes de la question religieuse en Chine principalement au XXe siècle. Il se base aussi sur plusieurs monographies et articles spécialisés ainsi que sur son propre ouvrage « Le destin de la religion chinoise au XXe siècle » publié en 2003. 



Dans l’article qui nous intéresse ici, l’auteur met l’accent sur l’importance de considérer le concept de religion, aussi abstrait soit-il, comme un prédicateur dans les luttes entre l’État chinois et l’ensemble des structures sino-religieuses depuis la fin du XIXe siècle. L’historien débute son article par un tour d’horizon concernant les structures religieuses autant dominantes que minoritaires qui dessinent la Chine. Il signale qu’en Chine, c’est le pluralisme religieux qui domine le paysage. Il y a donc une cohabitation de diverses communautés de cultes, tels que le confucianisme, le bouddhisme, le taoïsme, les mouvements sectaires et la cosmologie chinoise. Une fois ce fait établi, Goossaert mentionne que cette réalité (caractérisée par l’absence de syncrétisme religieux) s’oppose dès le départ et malgré elle aux principes religieux monothéistes des Occidentaux. Le concept moderne de religion en Occident est entré en contradiction avec la société chinoise pluraliste lorsque des intellectuels chinois, au début du XXe siècle, ont tenté d’appliquer ce modèle à leur société. C’est dans cette optique que l’auteur dénote une confrontation terminologique et théologique entre l’ensemble des réalités religieuses du pays et les volontés arbitraires de l'État chinois. Les répercussions de cette lutte interne sont perceptibles à travers des politiques étatiques répressives et des interdictions religieuses, mises en place dans le but de démêler religions et superstitions. Selon la vision de l’auteur, c’est cet état des choses qui a entrainé la disparition de certains cultes religieux dont les spécialistes font aujourd’hui la redécouverte. Le dernier paragraphe de l’article porte sur la réinvention des religions. Goossaert laisse entendre que l’intégration du concept occidental de religion en Chine a entrainé une tentative de redéfinition de certaines religions en place comme le bouddhisme et le taoïste. Il en a découlé la création de groupes fondamentalistes résistants un peu partout à travers la Chine, qui témoigne en eux-mêmes de la tangibilité du problème. Enfin, l’historien stipule que la Chine n’est pas la seule à faire face à cette situation, en prenant l’exemple de Bali, bien que la Chine se distingue des autres par la radicalité des changements sociaux et culturels qui surviennent sur son territoire. « Le concept de religion en Chine et l’Occident », de Vincent Goossaert, est un article tout à fait pertinent qui informe tout type de lecteur sur la situation religieuse de la Chine moderne. Son papier ne propose peut-être pas de nouvelles données en soi, mais il éclaire certainement sur les nombreuses réalités religieuses de la Chine, qui échappent bien souvent aux yeux des Occidentaux qui ont leur propre représentation du « Religieux ».



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