dimanche 26 février 2012

Falun Gong, la tentation du politique


Billet de Fabien Maillé


David Palmer, « Falun Gong, la tentation du politique » :


Il ne me semble pas nécessaire de présenter à nouveau David Palmer, dont on retrouve de nombreux textes dans les canevas précédents et dont la biographie est brièvement faite en entête de plusieurs résumés de ce blogue.


À travers ce court article, Palmer tente d'analyser les causes qui pourrait expliquer l'ampleur que prit le Falun Gong, et surtout comment ce mouvement en vint à devenir le vecteur de revendications à caractères politiques. 


Il débute donc son article par un bref historique des rébellions sectaires en Chine, où les mouvements millénaristes sévissaient déjà contre l'ordre impérial il y a plus de 1700 ans. Il fait bien sûr mention de la secte du Lotus Blanc, qui déjà fédérait ses fidèles à travers des techniques de respiration et de méditation, ce qui n'est pas sans nous rappeler le cas du Falun Gong. Les périodes de troubles de la fin du XIXe siècle et du début du XXe siècle, furent un terreau fertile à ce phénomène sectaire, perçu comme un moyen de se défendre du banditisme et des seigneurs de guerre. 

Bien que la politique de la jeune RPC fut de réprimer ces mouvements, ces derniers persistèrent sous la forme de pratiques gymniques traditionnelles, version areligieuse des techniques déjà enseignés par les réseaux sectaires. Ces pratiques, alors renommées Qigong, furent progressivement intégrées comme une alternative à la médecine occidentale, en terme de moyens, car pas toujours accessible, et surtout en terme idéologique (le Qigong comme pratique thérapeutique populaire). Mais cette valorisation du Qigong ne le préserva pas de la Révolution Culturelle, durant laquelle il devait être pratiqué dans le secret. 
La mort du Grand Timonier et l'invention par Guo Lin de la pratique collective du Qigong, permirent son essor rapide à la fin de la période maoïste. La presse sensationnaliste commença à publiciser les facultés et les prouesses des grands maîtres, auxquelles on ne tarda pas à mettre l'estampille scientifique. Le mouvement était alors ouvertement soutenu par le Parti.
Le phénomène atteint un sommet en 1987, avec l'énorme succès du maître Yan Xin, capable, par la seule force de son Qi, de faire entrer en transe une partie de son auditoire lors de gigantesques conférences. Mais ce fut aussi l'année de l'exil du grand maître, dont l'influence commençait à inquiéter le gouvernement, qui décida dès lors de réglementer les associations de Qigong.
C'est en 1992, et avec la création du Falungong par Li Hongzi, que le mouvement reprit de plus belle. Associant « une doctrine moraliste, messianiste et apocalyptique » à ses pratiques corporelles, l'école de Li Honzi connut un succès fulgurant, à tel point qu'en 1996 il était déjà forcé de quitter la Chine pour les États-Unis. C'est donc ici que se termine la tentative de récupération par le gouvernement de pratiques gymniques, censées favoriser la construction du socialisme chinois, et qui devinrent des réseaux sectaires parallèles à l'État. 
Ce caractère sectaire des organismes de Qigong ne fut jamais plus saillant qu'avec le Falungong, qui diffusait une idéologie eschatologique et transcendante (donc au-dessus de l'État), pratiquait un prosélytisme intensif et s'attaquait à ceux qui s'essayaient à le critiquer (en l'occurrence les médias). Les différentes manifestations organisées par le Falungong, furent alors perçues par le gouvernement comme un véritable mouvement de contestation politique, qui allait nettement au-delà de la simple association de pratiquants de techniques corporelles. Le mouvement fut définitivement interdit le 23 juillet 1999, quelques mois après une séance publique qui se tint devant les bureaux du PCC. 
Finalement, Palmer considère que cette série de troubles liée au Falungong « n'est que le révélateur de problèmes de fond », dont la persistance du fait religieux – malgré les espoirs du PCC de le voir disparaître progressivement. L'autre grand problème identifié est la faiblesse de la société civile, à laquelle le Qigong apportait un support de substitution, et en vint à former un organisme qui pouvait quasiment rivaliser en nombre avec le PCC. 
L'importance du mouvement étant grandissante, les autorités cherchèrent à le réprimer, ce à quoi il riposta par des « actes à connotations politiques ». On pourrait donc conclure en constatant que cette volonté du gouvernement Chinois, depuis 1949, de renverser les anciennes structures sociales, a laissé un grand vide dans la société chinoise, vide qui permit à des mouvements comme les associations de Qigong, de prendre un poids tel que le gouvernement y voyait un menace à son autorité. 

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