dimanche 19 février 2012

Falung Gong Outside of China


Texte de Jocelyn Morand-Contant

David Ownby, Falung Gong and the Future of China, ch. 5, "Falung Gong Outside of China:Fieldwork Among Diaspora Practitionners", p.202-259.

Le chapitre 5 de ce livre se consacre à l’étude de la diaspora chinoise qui pratique le Falung Gong en Amérique du Nord. L’auteur, David Ownby, a décidé de s’intéresser à ce groupe après avoir découvert le Falung Gong à Paris en avril 1999. Étant un spécialiste des sociétés secrètes à la période Qing et de la République, il décide d’assister à différentes conférences (Toronto, Montréal et Boston) où il distribue des questionnaires afin de savoir qui sont ces gens qui pratiquent le Falung Gong en Amérique du Nord. Ownby développe en même temps de nouvelles relations avec la diaspora chinoise et plus tard dans son article, il raconte les expériences des pratiquants en lien avec le Falung Gong.


Après avoir récolté des données pendant près de 3 années, Ownby en vient à certaines conclusions à propos des statistiques qu’il a récoltées :

-90% des pratiquants sont d’origines chinoises. Ownby explique bien que son but dans cette recherche est de savoir qui est ces 90% plutôt que les 10% pratiquants d’origines non chinoises.
-90% des pratiquants ont débuté la pratique entre 1995 et 1999. Également, 60% ont découvert le Falung Gong en Amérique du Nord.
-77% des pratiquants ont au moins 1 diplôme universitaire. Ce taux élevé est dû au fait que les gouvernements canadiens et américains ont des critères très élevés en matière d’immigration.
-52% croit qu’ils vivent mieux en Amérique du Nord, contrairement à 19% qui croient que c’est pire ici et 29% qui ne voient pas de différence majeure entre les deux styles de vie.
-78% sont mariés et 17% sont célibataires. 43% ont une famille et vivent ensemble, 20% sont maris et femme sans enfant à la maison et 16% vivent seul.
-Le temps de pratique par semaine se situe entre 10 heures (Boston) et 14 heures (Toronto).
-Le ratio des répondants est de 3 femmes pour 2 hommes. Ownby remarque que la religion semble intéresser davantage les femmes, ce qui confirme la tendance des femmes (peu importe la société) de s’impliquer dans la religion. Aussi, il n’y a pas de tension entre les deux sexes.
-Le revenu des pratiquants est comparable à celui des Canadiens et des Américains, ce qui confirme qu’ils ont réussi à s’intégrer. Aussi, Ownby remarque que les plus riches ont tendance à s’impliquer beaucoup et donne de leur temps et argent volontairement. Les plus pauvres sont pour la grande majorité des étudiants et cette situation explique leur faible revenu.

En plus de toutes ces statistiques qui aident à donner une bonne idée du pratiquant moyen du Falung Gong en Amérique du Nord, Ownby arrive à la conclusion que le pratiquant moyen est jeune, urbain, dynamique et réussit à vivre le rêve américain d’un point de vue matériel. Étant donné que les pratiquants ont pour la plupart une bonne situation financière et une vie occupée par le travail et la famille, Ownby s’est demandé pourquoi les gens s’intéressent autant au Falung Gong. Il arrive à la conclusion que les gens veulent avant tout développer leur ascension individuelle vers « l’illumination ». Ce terme (enlightenment dans le texte) est assez vague et Ownby à demander aux pratiquants ce qui les a attirés à renter dans le Falung Gong. Voici les résultats :

-29% ont été attirés par le contenu intellectuel. 27% par la possibilité d’avancer spirituellement dans la vie. 20% l’ont fait pour les bénéfices reliés à la santé. 15% pour les exercices, 7% pour le maitre (Li Hongzhi) et 2% pour la communauté.

Ces statistiques sont intéressantes, car nous avons beaucoup parlé dans le cours des relations sociales et de la communauté développée à travers le Falung Gong. Or, seulement 2% des répondants ont joint le mouvement pour cette raison. On remarque aussi que la réponse la plus élevée est liée au contenu intellectuel. Ownby remarque dans ces rencontres avec les pratiquants que plusieurs lisent et relisent encore et encore les textes. Ce phénomène semble assez répondu dans la diaspora nord-américaine. L’auteur fait également mention de différentes expériences de pratiquants. À travers toutes les expériences, un élément commun revient toujours. Cet élément est que les pratiquants voient la vie comme une série d’épreuves ou de défis où ils apprennent de leurs erreurs et continuent leur chemin vers « l’illumination ». D’ailleurs, la progression individuelle est la préoccupation numéro un des pratiquants et tout le reste est accessoire et secondaire. Un dernier élément que l’auteur relève est que le Falung Gong peut autant souder que briser la famille. Plusieurs membres d’une même famille vont pratiquer le Falung Gong et vont encourager la pratique de leurs enfants. D’autres familles ont des membres pratiquants et non pratiquants et cela peut causer des tensions.

En guise de conclusion, l’auteur explique que les pratiquants du Falung Gong sont des gens normaux et que le groupe n’est pas une « secte hétérodoxe dangereuse » comme le gouvernement chinois le décrit. Aussi, les pratiquants trouvent dans le Falung Gong un moyen d’équilibrer leur besoin de foi, leur travail, leur famille ainsi que leur besoin politique (depuis la répression du gouvernement). Je trouve que ce texte, malgré sa longueur, est très intéressant et donne un bon portrait des pratiquants du Falung Gong en Amérique du Nord. Aussi, les différentes expériences montrent au lecteur que le Falung Gong est vécu différemment par les pratiquants et que tout le monde y trouve son compte dans ce mouvement religieux.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire