jeudi 9 février 2012

Le Qigong et la tradition sectaire chinoise


Texte de Thomas Mogharaei

David Palmer, « Le Qigong et la tradition sectaire chinoise »

                Dans cet extrait intitulé « Le Qigong et la tradition sectaire chinoise », David A. Palmer cherche à démontrer l’existence d’une filiation entre la pratique actuelle du Qigong et une certaine forme de sectarisme déjà reconnue dans la société chinoise précommuniste.
Brièvement il rappelle d’abord que c’est dans les années 80’ à 90’ que le Falun Gong s’est le plus considérablement développé. Ensuite, à partir de 1999, le gouvernement chinois a commencé à réprimer ce mouvement, ce qui a provoqué son retranchement dans la clandestinité.
      Dans le résumé de l’extrait, je reprendrai la division en deux temps, celle utilisée par l’auteur.


Le Qigong en Chine populaire
                Le Qigong, parent du falun gong, s’est développé à la fin des années quarante, sous l’impulsion de certains cadres du Parti communiste. C’était initialement une gymnastique du corps, rattachée aux autres médecines chinoises traditionnelles. Après avoir connu un certain succès, il est interdit pendant la révolution culturelle (1966-1976). Quand le mouvement du Qigong réapparait en 1979, il retrouve très vite une popularité sur l’ensemble du territoire chinois. Aux enseignements de base (corporels, respiratoires et mentaux), s’ajoute désormais une mystique de la guérison par la magie. Quoique que le gouvernement n’exerce qu’un contrôle indirect, le mouvement compte des millions de membres, ce qui engendre certaines interrogations : son aura et son influence sont grandes.
                L’importance du mouvement est telle que beaucoup de petites entités naissent, avec chacune leurs spécificités. Ainsi apparaitra le Falungong ; Li Hongzhi en est le fondateur. Au fur et à mesure de la multiplication de ses membres, son influence a augmenté. De 1996 à 1999, les critiques du gouvernement étaient à chaque fois suivies de ripostes, jusqu’en 1999, date à laquelle le gouvernement a finalement opté pour une cinglante répression visant à faire disparaître totalement le mouvement. Depuis, le Falungong bien moins d’adeptes et pour ceux qui sont restés, la pratique est devenue clandestine. 

Les antécédents du Qigong dans la tradition sectaire
Le Qigong fonctionne par groupuscules pour permettre à ses membres d’échanger et de diffuser plus facilement les enseignements. Ce moyen d’organisation est le point de départ de la comparaison avec l’organisation sectaire traditionnelle en Chine. Contre le pouvoir des Ming par exemple, ces groupes anciens avaient participé à des activités de révolte contre l’État. Ces « Lotus Blanc » ont connus un succès notable au XIXe et début du XXe.
L’homogénéité des groupuscules compris dans l’appellation « Lotus blanc » fait débat. Certains sinologues y voient la marque d’une réflexion commune sur l’histoire et la société (Susan Naquin), d’autres une étiquette inventée par l’État (Barend ter Haar) ; des témoins de la tradition et du « fondamentalisme populaire » est l’expression préférée par David Ownby.
La définition appliquée à ses groupuscules doit à la fois trancher avec le concept de « religion » qui est héréditaire, ainsi qu’avec l’idée que la secte n’impose pas a priori de définition englobante de la société, qu’elle laisse ainsi à chacun le soin d’y trouver sa place conformément à ses interprétations. À contre-courant de la tradition, certaines sectes vont par exemple voir des hommes jeunes enseigner à des gens âgés et aussi très instruits. Cette réalité des sectes se retrouve aussi dans le Qigong.
L’auteur explique notamment ce succès par la simplification que produisent les sectes pour l’accès à la tradition. Par exemple, le Falungong mélange les vertus de « l’ascèse corporelle » (taoïsme) et de « l’ascèse spirituelle » (bouddhisme).
 Quant aux méthodes d’intégration des membres, l’auteur souligne que la médecine, à l’origine du Falungong, est un moyen d’instaurer un cadre de patient/médecin, éloignée en apparence des rapports de maîtres/élèves, aussi éloignée de la formule des offices religieux ; ce qui facilite l’approche et l’entreprise de conviction.

L’auteur conclut sur l’échec apparent de l’État à réprimer un mouvement qui s’est finalement éparpillé sous l’effet de la répression, et qui en est devenu d’autant plus mystique que l’État en a perdu le contrôle.

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