vendredi 14 septembre 2012

Falun Gong : la tentation du politique


Résumé de Jocelyn Morand-Contant

David Palmer « Falun Gong : la tentation du politique », Critique internationale 2/2001 (no 11), p. 36-43. 

David Palmer est un anthropologue et se spécialise dans la religion en Chine moderne. Il est également responsable du Centre de l'École Française d'Extrême-Orient à Hong-Kong. 
Dans l’article de David Palmer, ce dernier met en relation le lien qu’il y a entre la montée en puissance d’une organisation non gouvernementale et la réaction du gouvernement face à cette organisation. Il explique entre autres les différents moyens que le gouvernement utilise pour nuire à ce mouvement. Le gouvernement peut également aider le mouvement à grandir si celui-ci sert les intérêts de l’état. Dans tous les cas, le parti veut éviter qu’une organisation nuise à sa légitimité ou bien qu’elle remette en cause l’ordre social établi. 
Au début de son article, Palmer explique que les sectes religieuses existaient bien avant le Falun Gong et que certaines provoquaient des révoltes. C’est le cas des sectes taoïstes qui ont provoqué des révoltes contre la dynastie des Han orientaux il y a plus de dix-huit siècles. Les sectes étaient sévèrement réprimées selon Palmer et elles se transformaient en sociétés secrètes. Palmer explique également que des sectes ont connu une grande popularité durant la période républicaine et qu’elles furent réprimées par le Parti communiste en 1949 lors de son arrivée au pouvoir. Malgré la répression, le contenu de certaines sectes a réussi à survivre à travers les institutions médicales de l’État. Les cadres et les dirigeants avaient accès aux différentes techniques du qigong. Cependant, les institutions officielles du qigong ont été fermées durant la Révolution culturelle.

Au début des années 1980, le qigong est revenu en force avec le cas de Guo Lin, une femme qui aurait été guérie du cancer grâce au qigong. Aussi, plusieurs membres au sommet de l’État ont aidé le mouvement à prendre de l’ampleur en interdisant Qian Xuesen, l’inventeur de la bombe atomique chinoise, à publier des articles contredisant les « facultés exceptionnelles » du qigong. Le gouvernement a également approuvé la création de milliers d’écoles, d’associations et d’organismes de recherches sur le qigong. En 1987, le maitre Yan Xin pouvait attirer des foules de dix à vingt mille personnes. La popularité de ce maître a inquiété le parti et il a organisé l’exil de Yan Xin. Suite à ce cas, le parti a organisé un comité chargé de surveiller les pratiques du qigong. Puis il y a eu le cas de Li Hongzhi et de la création du Falun Gong. L’état a voulu récupérer le mouvement, mais cette tentative de révolution « scientifique » chinoise fut un cuisant échec selon Palmer. Le qigong est devenu un mouvement davantage religieux et le parti n’a pas réussi à récupérer l’aspect médical du mouvement. Suite à une séance publique de méditation qui a rassemblé plus de dix mille adeptes en 1999, le gouvernement a décidé d’interdire le Falun Gong la même année.
Palmer termine son article en expliquant que le Falun Gong n’est que le révélateur de deux problèmes de fond que la Chine n’a pas encore résolus. Premièrement, il est faux de croire que l’arrivée du communisme et des idées marxistes ont fait disparaitre le fait religieux en Chine. Celui-ci est encore très fort et il y a une « soif profonde de vie spirituelle » selon Palmer. Il dit que la « crise de foi » en Chine n’est pas encore résolue. Deuxièmement, le Falun Gong a démontré la faiblesse de la société civile. La société civile n’a pas encore atteint son autonomie, car le parti réprime sans cesse toute organisation qui représente une menace. Aussi, la société chinoise a un faible tissu social selon Palmer, car les institutions urbaines qui ont été détruites à partir de 1949 n’ont jamais été remplacées. Ainsi, « il existe peu de cadres de socialisation en Chine urbaine » selon Palmer. Il termine son article sur cette phrase : « Et le vide social demeure ».

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