vendredi 8 mars 2013

A Qi-empowered Address Given by Yan Xin


Texte de Nezly Esseghir

«A Qi-empowered Address Given by Yan Xin», in Chinese Sociology and Anthropology,  Chapitre 6 : The Qigong Boom, Septembre 1994, vol. 27- 1, pp.59.66

Yan Xin, ou plutôt le Dr. Yan Xin se présente comme docteur en médecine, médecin-chef et grand maître de Qigong. Né en 1950 dans la province du Sichuan, il commence par étudier la médecine traditionnelle chinoise avec des grands maîtres en médecine chinoise, en arts martiaux et en Qigong. Il étudie plus tard la médecine occidentale et enfin, est diplômé du Chengdu Institute of Traditional Chinese Medecine. Il débute sa pratique en tant que maître de Qigong en 1980. Il est depuis très engagé dans l’exploration des preuves de la nature scientifique du Qigong, notamment en participant à des projets de recherche en laboratoire, concernant les effets physiques mesurés de la projection de la force vitale humaine hors du corps sur les substances (protéines, ADN, enzymes) et les objets.

Dans cette partie du discours de Yan Xin sur les principes du Qigong, le maître adresse le principe fondamental de cette pratique : la moralité. L’essence de ce principe de moralité se décline sur trois dimensions : mentale, personnelle et comportementale. L’atteinte de l’essence de la moralité dans chacune de ses dimensions passe par l’atteinte de ses dix éléments propres : (i) les « bonnes manières », telles que la politesse et la pureté des pensées; (ii) le sens éthique, tel que l’altruisme; (iii) le don de soi, comme s’astreindre à faire le bien; (iv) le sens de la justice, comme toujours œuvrer et agir pour ce qui est juste; (v) le sens de l’équité, comme traiter les autres en égaux, quel que soit son rang propre; (vi) la charité humaine, avoir un cœur charitable, le maître y inclut le souci de l’équilibre de l’environnement ainsi qu’agir en mentor et guide pour les mauvaises personnes; (vii) avoir le souci de l’autre, comme se soucier et s’enquérir du bienêtre des autres; (viii) la sincérité, tel que être et dire vrai, ne jamais mentir et avoir le courage de défendre la vérité sans crainte du conflit; (ix) la persévérance, dans le sens d’admettre ses erreurs, s’en repentir, essayer avec persévérance de les corriger puis toujours persévérer pour demeurer sur le droit chemin; (x) briller par sa droiture, autrement s’efforcer de ne jamais avoir de comportement inapproprié.
Selon le discours du maître, dans tous ces éléments, la persévérance est de mise. C’est un travail sur soi de chaque seconde, les principes de l’essence de la moralité du Qigong doivent être au centre des préoccupations personnelles car elles couvrent l’ensemble des sphères de la vie. Il est indispensable de s’efforcer à tout moment et dans tout ce que l’on fait d’appliquer le principe de moralité, d’y consacrer tout son temps et de détourner son esprit de toute considération futile et matérielle. 
Dans la pratique des préceptes du Qigong, le maître préconise de mettre l’emphase sur trois aspects. 
D’abord l’Histoire. Il entend par cela la prise en considération et l’assimilation des connaissances et pratiques héritées des prédécesseurs, puis de les épurer pour n’en garder que le véritable message ancestral et enfin de les enrichir par son propre apport afin de les mener plus loin.
Ensuite, ce qu’il appelle « le matérialisme ». Il s’agit pour le pratiquant du Qigong de s’attacher à la substance, au fond, et non au superficiel.
Enfin, la dialectique. Le maître dit que le pratiquant du Qigong doit faire preuve de flexibilité. Chaque individu est unique et différent. Chaque pathologie, chaque circonstance, chaque condition est unique. Il faut connaître différentes méthodes de Qigong et savoir les appliquer de différentes  manières aux différentes situations. 
C’est par l’application de tous ces préceptes que l’individu parvient à atteindre les plus hauts degrés de ce principe de moralité. Et c’est en atteignant ces plus hauts degrés de moralité que l’individu fait s’évanouir les limites au développement possible de sa pratique du Qigong et à l’élévation de son niveau de gongfu.
Un point notable qui ressort de ce discours concerne la portée de l’abnégation dans la pratique du Qigong. Le pratiquant du Qigong ne doit attendre absolument rien en retour de ses bonnes actions. Les maîtres du Qigong qui prodiguent des soins et parviennent à guérir ne doivent attendre rien en retour et ne doivent accepter aucune rétribution pour le bien qu’ils prodiguent. Ce discours porte à croire que, contrairement à bon nombre d’autres croyances et pratiques mystiques ou spirituelles, le Qigong ne revêt aucun aspect pécuniaire. 
Les autres points que ce discours apporte concernent la question de savoir d’où est sorti le Qigong dans la Chine moderne. 
Les principes fondamentaux de moralité dénotent d’une part un net enracinement dans les valeurs confucéennes et de la tradition classique chinoise, par exemple, le respect des aînés ou la valeur du mentor, le bon grand frère qui donne l’exemple à celui qui se détourne du bon chemin, pour ne citer que cela. D’autre part, on y retrouve les valeurs du dur labeur et de l’honnêteté, les principes d’équité et de l’intérêt du groupe qui passe avant les intérêts personnels. Ces valeurs ne sont pas sans rappeler celles de la promesse du communisme.   
Le Qigong est réapparu dans les années 1980, période où la Chine émergeait de plusieurs décennies de maoïsme, durant lesquelles les valeurs et les croyances ancestrales ont été bafouées, et les promesses du communisme non tenues.  
Et c’est peut-être dans cette voie qu’on pourrait trouver à la fois d’où le Qigong a émergé, et surtout pourquoi il a suscité un tel engouement : le Qigong a trouvé à la fois écho chez une population qui avait soif de retrouver ses racines, qui a donc embrassé le mouvement avec frénésie, et chez un Parti Communiste Chinois en manque de crédibilité et en recherche de cohésion sociale, qui a donc toléré ce mouvement qui remettait, en quelque sorte, ses idéaux au goût du jour.  

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