mardi 19 mars 2013

Le qigong et la tradition sectaire chinoise


Le qigong et la tradition sectaire chinoise

Texte de Myriam Lalonde

David A. Palmer, "Le Qigong et la tradition sectaire chinoise.". Social Compass 2003 ; 50 ; 471, 11 pages.

David A. Palmer est un anthropologue qui enseigne à l’Université  de Hong Kong. Il a fait ses études à l’Université McGill en anthropologie et en étude chinoise et termine en 2002 sa thèse de Doctorat sur l’anthropologie et l’histoire chinoise à l’École Pratique des Hautes Études. Il est responsable du centre de Hongkong de l'EFEO depuis 2004 et il est aussi membre  du Groupe Sociétés, Religions, Laïcités et du Centre d'études sur la Chine moderne et contemporaine. Il est l’auteur de plusieurs œuvres dont La Fièvre du Qigong: guérison, religion et politique en Chine ainsi que les Formes de reconfiguration religieuse en République populaire de Chine. ‘’Le Qigong et la tradition sectaire chinoise’’ est une œuvre qui a contribué à ses recherches actuelles pour démontrer l’évolution de la religion en Chine contemporaine ; les rapports entre la religion, la politique et la société civile en Asie.

Dans cet article, l’auteur va adopter une approche sociologique afin d’évaluer comment le qigong est un «héritage moderne de ce que les sinologues appellent la tradition sectaire» (p. 472).  La méthodologie employée pour rédiger ce travail est de nature socio-anthropologique.  Pour soutenir son raisonnement, l’auteur va composer son argumentation grâce à une recherche approfondie dans des manuscrits spécialisés sur la Chine.  Il va utiliser les théories de plusieurs spécialistes, dont Danyer Overmeyer, Susan Naquin et David Ownby, afin de complémenter ses propos. 



L’auteur arrive à la conclusion suivante : le sectarisme du qigong en Chine est le résultat de la tentative de contrôle et d’enrayement de ces pratiques par l’État. En forçant la population à rompre avec leurs traditions afin de devenir un citoyen moderne, cela a contribué à une adhésion grandissante de membres à des sectes en Chine.  Alors, le climat de répression engendré au 20e siècle a favorisé le développement de la religion populaire et du sectarisme comme par exemple le Falungong. Le sectarisme en Chine est un phénomène que l’on peut retracer jusqu’à la dynastie des Mings.  La première partie du texte démontre l’expansion du qigong à partir de 1940 par les cadres du Parti communistes jusqu’en 1999 avec la suppression du Falungong par le gouvernement et le passage d’une société publique à une société secrète. La seconde partie du texte concerne le développement et l’explication du sectarisme en Chine en tant que mouvement social.   La notion d’acte volontaire est récurrente dans cette section du texte et l’auteur insiste sur le fait que la participation à ce genre de mouvement est un choix. L’avantage d’une secte pour un individu est qu’elle offre un accès facile aux traditions en les recyclant afin de «créer quelque chose de distinct» (p.475) en cherchant à ramener les pratiques à leur «pureté originelle» (p.475). L’acquisition de nouveaux membres pour former une lignée débutait souvent avec la démonstration des techniques thérapeutiques. Chaque lignée d’une secte avait un maître charismatique et ce sont les méthodes et les techniques enseignées qui distinguent une secte d’un autre.  Il est aussi à noté que, malgré la destruction des entités religieuses physiques comme les temples, les sectes permettent la continuité de la «culture corporelle» en considérant le corps comme le temple de l’adepte, ce qui assure la propagation des enseignements rapidement.


Cet ouvrage démontre facilement et clairement comment le qigong et les sectes qui en découlent, ont été formés par le contexte socio-politique du 20e siècle chinois. Je pense que ce texte est important dans le cadre du cours, car il nous permet de comprendre les origines de la perception du qigong comme tradition sectaire et la formation des sectes sous-jacentes en définissant, bien entendu, ce qu’est une secte selon différentes approches et l’expansion de ce mouvement tel un virus.



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