lundi 15 avril 2013

Catholic revival During the Reform Era


Par Dominique Farley

Madsen, Richard, 2003, Catholic Revival during the Reform Era, The China Quaterly, no.174, Religion in China Today, pp.468-487

D’après une courte bibliographie sur l’auteur Richard Madsen fournie par le département de sociologie de l’Université de San Diego, celui-ci est titulaire d’une Maîtrise dans les études asiatiques ainsi que d’un doctorat en sociologie de Harvard. Il est professeur en sociologie de l’université californienne de San Diego. Madsen a été co-directeur du projet de base Ford qui avait comme objectif de faire revivre la discipline universitaire de sociologie en Chine. D’après des informations supplémentaires dans cette biographie, il est auteur et co-auteur de douze ouvrages portant sur la culture chinoise, la culture américaine et les relations internationales. Il a rédigé des articles intellectuels expliquant la manière de comparer les cultures et comment faciliter le dialogue entre eux. Il a aussi écrit des ouvrages sur la culture américaine en se penchant notamment sur l’individualisme et les institutions qui maintiennent cette culture. Parmi ceux-ci, l’ouvrage Habits of the heart  qui a gagné la récompense L.A Times Book. Madsen a été nommé jury au Prix Pulitzer. (source : chinesestudies.ucsd.edu/people/faculty/madsen.html)



L’un de ses nombreux ouvrages a pour sujet le  renouveau catholique en Chine durant l’Ère de réforme comme souligne son titre. Selon Madsen, trois caractéristiques distinctes expliquent le regain du catholicisme en Chine : premièrement le faible taux d’augmentation de la population catholique comparativement aux autres groupes religieux chinois. Selon l’auteur la croissance de l’église catholique était relativement statique, le faible taux n’était pas relié à la faiblesse de dévotion religieuse. Deuxièmement, des conflits intenses externes et internes entourant le catholicisme en Chine. En effet, selon ses recherches, il y avait plusieurs conflits entre les protestants et le gouvernement, les communautés protestantes auraient été impliquées dans des confrontations avec les autorités locales et entre eux c’est-à-dire entre les différentes églises du pays. Au niveau international ce fut le conflit entre le gouvernement et le Vatican qui a été le plus intense et finalement, son mélange d’antagonisme et de coopération avec le gouvernement. En fait, selon l’auteur le problème provient de la profondeur de son ambivalence politique. En premier lieu, l’auteur explique en détails ces caractéristiques spéciales dans leur contexte historique. Il décrit la relation entre la RPC et les catholiques chinois et explique l’origine du conflit qui les oppose. En effet, l’interdiction du Pape Pie XII imposée aux catholiques chinois de toute coopération avec la RPC en 1949 sous peine d’ex-communion a intensifié les hostilités entre le Vatican et la RPC. Durant la révolution culturelle, le gouvernement contrôlait la religion catholique avec l’aide de l’agence de l‘État appelée Bureau des Affaires Religieuses crée une association de masse nommée Association Patriotique Catholique. Cette association avait pour but de garder le contrôle des églises catholiques chinoises en nommant des évêques et des prêtres du pays afin d’éviter que le Vatican contrôle ces églises. Selon l’auteur, ces leaders religieux étaient payés par le gouvernement. Il était difficile pour l’APC de trouver des évêques et des prêtres car ceux-ci étaient divisés entre leur loyauté envers leur identité nationale y compris leur gouvernement et leur désir de servir le Vatican. En 1980 sous le règne de Deng Xiaoping, les prêtres et les évêques opposés à l’APC ont été relâchés de la prison. On a reconstruit des églises, des séminaires et des couvents, toutefois les églises catholiques chinoises demeuraient encore sous la tutelle du gouvernement. L’auteur note un développement de deux types d’églises au pays : l’église officielle dite église ouverte et l’église souterraine ou clandestine. Ces églises étaient divisés politiquement et culturellement, des tensions existaient entre elles. L’église souterraine ou clandestine ainsi que les églises maison protestante étaient plus vulnérables face à la répression du gouvernement. Les tensions entre les églises officielles (ouvertes) et souterraines ou clandestines demeuraient vives et incluses dans un débat politique international. En raison du conflit, le Vatican entretient des relations diplomatiques seulement avec Taïwan. De plus, il explique ces caractéristiques en trois couches d’interprétation de la communauté catholique chinoise : sa vision religieuse (qui englobe la vision religieuse du prêtre, du sacrement) et  sa matrice sociale ; son incarnation sociale dans une société rurale ainsi que l’héritage du conflit entre le Vatican et le gouvernement de la République Populaire de Chine impliquant les enjeux politiques entre ces deux partis. Madsen souligne des contrastes dans la vision religieuse entre les catholiques et les protestants chinois depuis l’arrivée des missionnaires Jésuites durant le 16ième siècle. En effet, l’église chinoise incarne une vision contre-réforme religieuse plus ancienne que la communauté catholique nationale. La vision du prêtre et les sacrements de la communauté catholique chinoise sont fortement influencés par l’incorporation de ceux-ci avec des éléments de la culture chinoise traditionnelle comme le confucianisme. L’auteur considère que les rituels de convenance dans la communauté chinoise semblent apparentés au sens du sacrement. En Chine la vision religieuse s’est intégrée dans plusieurs formes de vie sociale, particulièrement les relations sociales dans la communauté rurale depuis la conversion des habitants par les missionnaires Jésuites. Le Catholicisme en Chine ne pouvait créer de liens moraux entre les paysans et les élites politiques et  intellectuels. Le Pape avait rejeté l’adaptation Jésuite aux rites Confucéens et selon Madsen, cette décision a entraîné l’abandon de la création d’une élite catholique influente donnant comme résultat une conversion plus ou moins réussie des paysans. Ils ont progressivement absorbé des croyances et des pratiques similaires aux sectes populaires bouddhistes hétérodoxes à leur conversion catholique. Il analyse aussi les influences religieuses, sociales et politiques qui ont affecté plusieurs aspects de l’Église chinoise, leur impact sur le rôle des prêtres dans la communauté catholique chinoise tels que le statut rituel, les rôles sociaux qui englobent le rôle du prêtre rattaché au rôle du dirigeant de la communauté et les conflits politiques dans lesquels les prêtres sont impliqués. Selon lui, l’obstacle fondamental dans les négociations entre la RPC et  le Vatican est l’incapacité de ceux-ci à s’entendre sur la sélection d’un évêque selon une liste désignée par le gouvernement. L’auteur conclut que les relations entre la RPC et le Vatican ont été profondément politisées dûes à la façon que ceux-ci voulaient imposer un contrôle plus bureaucratique sur l’Église. Ainsi, il considère que Rome et Pékin s’engagent dans un jeu complexe de coopération et de conflit qui aboutira vers des directions incertaines. Selon lui,  cela affectera la capacité de l’Église catholique chinoise à renouveler sa théologie, à recruter et entraîner adéquatement le clergé ainsi qu’à adapter ses  pratiques pastorales à une société urbanisée et conditionnée par le marché.
L’article de Madsen permet au lecteur de mieux comprendre l’histoire de la religion catholique en Chine ainsi que ses enjeux actuels. L’analyse de l’auteur concernant les aspects du renouveau catholique en Chine est présentée de façon élaborée et claire. Il a également fournit des explications détaillées sur les couches imbriquées de la communauté chinoise notamment sur les influences religieuses, sociales et politiques et leurs effets sur le rôle des prêtres en s’appuyant par des sous-titres de chacun des sujets qui y sont reliés. Le lecteur peut donc comprendre la complexité de la relation opposant le Vatican au gouvernement concernant le rôle de la religion catholique en Chine ainsi que distinguer mieux la différence entre le protestantisme et la religion catholique en Chine et la ressemblance que partagent certains de leurs éléments avec le catholicisme et protestantisme occidental.

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