samedi 20 avril 2013

Lost in the Market’s, Saved at McDonald’s

Texte de Benoit Desormeau

Lost in the Market’s, Saved at McDonald’s: Conversion to Christianity in Urban China (Fenggang Yang)

Ce texte, original dans son approche, provient d’un assistant professeur du Département de sociologie et d’anthropologie de l’Université Purdue aux États-Unis (Indiana). Cet immigrant chinois fait part de ses opinions sur les causes et les mécanismes expliquant la popularité croissante du Christianisme et en particulier du Protestantisme au près la population chinoise indigène. 

Son étude provient des entrevues qu’il a faites avec ses assistants de recherche auprès d’églises protestantes et de pratiquants dans plusieurs villes de Chine entre les années 2000 et 2003. Il a aussi colligé des informations provenant d’autres auteurs contemporains intéressés par le même sujet. 

Dans son texte, il développe plusieurs éléments de réflexion dont les théories de la conversion, la croissance de la chrétienté en Chine entre les années 1980 et 1990 (s’appuyant sur des données statistiques), les contraintes institutionnelles avant et depuis les événements de la Place Tiananmen en 1989, l’influence de la globalisation mondiale et en particulier de la montée de l’économie de marché qui a bouleversé le fonctionnement traditionnel en Chine, la répression politique et l’influence américaine symbolisée par la chaîne des restaurants McDonald’s. 


Il explique comment l’attrait du Christianisme se développe de plus en plus dans les milieux urbains et au sein d’une population jeune et lettrée contrairement aux années précédentes (suite à la révolution culturelle) où les pratiques religieuses chrétiennes étaient davantage tolérées et mieux encadrées dans les régions rurales où elles étaient exercées par une population plus âgée et moins éduquée (illettrée) et donc moins menaçante pour le pouvoir en place. 

Pour expliquer l’augmentation de la conversion religieuse chrétienne, l’auteur envisage essentiellement deux approches sociologiques, soit une qu’il nomme « individualiste » et l’autre, « institutionnelle ». La première implique des facteurs de questionnement individuel face à la perte de repères et à la déception vécus dans le bouleversement occasionné par l’économie de marché, alors que la seconde met l’emphase sur la force compétitive des organisations religieuses dans leur prosélytisme (évangélisation à tout prix), le tout survenant dans un contexte de globalisation ainsi que de répression politique.

Les nouveaux convertis ont dû évoluer, souvent de façon difficile, au sein de divers emplois et ils ont vécu des styles de vie qu’ils considèrent maintenant moralement inacceptables et vides de sens. Ils se sont sentis perdus et désillusionnés voire même confondus par des valeurs conflictuelles. Pour certains, la recherche d’une signification supérieure à l’intérieur des religions traditionnelles chinoises a été décevante. Ils ont trouvé le salut dans le Christianisme. Par ailleurs, le contexte de mondialisation et d’ouverture à d’autres cultures, particulièrement la culture américaine, a exercé un attrait certain auprès de tous ceux qui recherchaient une modernisation, une libération démocratique, cosmopolite et universelle.

En conclusion, l’auteur établi un parallèle intéressant entre la montée des valeurs du Christianisme en Chine et l’ouverture au monde occasionnée par l’avènement d’une économie de marché se déployant à un rythme très rapide et même débridé (sans contrôle) ainsi que par le phénomène de globalisation mondiale à laquelle on peut penser que la Chine ne peut échapper. Considérant l’importance de la démographie chinoise, l’auteur suggère que si la conversion chrétienne continue de se poursuivre à ce rythme, la population religieuse chrétienne en Chine pourrait éventuellement dépasser celle de plusieurs autres pays.

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